Login

Responsable qualité et phytosanitaire : un nouveau métier

Au sein de La Forêt jeunes plants, Marie Leven s'occupe du pilotage phytosanitaire et de la qualité, des pieds-mères jusqu'à la multiplication des jeunes plants. « Un poste clé pour harmoniser les cultures », souligne son dirigeant, Thierry Browaeys.PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

Marie Leven est chargée du suivi phytosanitaire et qualitatif des cultures pour l'ensemble des sites de production de La Forêt jeunes plants, en Loire-Atlantique. Le poste qu'elle occupe a été spécialement créé dans le cadre de la structuration de l'entreprise.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La Forêt jeunes plants, créée en 1988, aux Sorinières (44), multiplie et élève du jeune plant en plaque, godet et préconteneur (*) pour des pépiniéristes et horticulteurs éleveurs, détaillants et généralistes. Son dirigeant, Thierry Browaeys, a entamé il y a sept ans un travail de structuration de l'entreprise dans un souci de développement et de transmission. Il a ainsi organisé l'exploitation en quatre sites de culture autonomes (multiplication, jeunes plants, jeunes plants XXL, plantes de division) et recruté pour chacun un responsable. Dernière étape de ce processus : la création, à l'automne 2012, du poste de responsable qualité et phytosanitaire, qu'occupe actuellement Marie Leven.

Avoir une vision globale des cultures et apporter une compétence pointue

Pour Thierry Browaeys, aspect phytosanitaire et aspect qualitatif sont indissociables. « Le but de ce poste est qu'une seule et même personne fasse le tour complet des sites pour avoir une vision globale des cultures et apporter une compétence pointue et identique à l'ensemble des équipes », explique-t-il. Ainsi, « les mêmes modes d'observation et les mêmes méthodes d'intervention sur les cultures sont pratiqués ». « Le fait d'être en dehors des équipes, sans préoccupation de management, permet à Marie de garder son objectif en permanence de façon prioritaire : un jeune plant sain, propre, dont l'authenticité variétale est établie, avec un bon enracinement et une bonne ramification... » La jeune femme, diplômée de l'INH (Institut national d'horticulture) en 2010, peut se consacrer entièrement à sa tâche « même pendant les périodes de forte activité où ce type de préoccupation pourrait passer au second plan ». Côté organigramme, le poste de Marie la positionne entre les responsables de sites et les chefs d'équipe dont elle remonte les observations. En cas d'absence, le responsable de multiplication prend le relais et inversement.

Veille, formation et sensibilisation adaptées aux besoins de chaque équipe

« Les actions de formation et de veille sur des sujets particulièrement techniques et qui évoluent vite (y compris les aspects réglementaires) reposent sur une personne, Marie », précise le pépiniériste.

L'ingénieur participe à une journée de formation tous les ans, en tant qu'observateur du réseau d'épidémiovigilance du territoire. Elle effectue une veille réglementaire et technique dans la presse, les fiches techniques, les expérimentations de l'Astredhor. Elle participe aux clubs PBI extérieure et Alt'Herb du BHR (Bureau horticole régional), qui organisent des visites d'entreprises... Elle est par conséquent la personne de référence quand il s'agit d'échanger avec le BHR et ses conseillers (organisation des visites, mise en oeuvre de solutions en cas de souci spécifique), l'Arexhor-Pays de la Loire (suivi des essais), la protection des végétaux, la Fredon – Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles – (visites annuelles, passeports phytosanitaires, surveillance biologique du territoire) et les services de l'Eau. La jeune femme transmet ses connaissances aux équipes en fonction des besoins de chacun. « Marie collecte et organise dans son PC toute information pouvant être utile à elle et aux responsables de cultures : une banque de données avec des articles techniques, les synthèses des essais, les fiches de données sécurité... » Elle programme également les formations en interne et en externe (Certiphyto).

Une compétence « terrain » au contact des plantes

Marie Leven fait le tour de l'ensemble des cultures chaque semaine. « Je prends note de tout dysfonctionnement qualité et/ou sanitaire (maladies, ravageurs, étiolement, sur ou sous-arrosage, enherbement, ramification...). » Elle rédige son journal d'observations sous format Excel qu'elle transmet aux responsables de culture (en intranet) et qu'elle archive pour garder une traçabilité. Elle établit ses préconisations incluant, si besoin, le mode de traitement, les produits et les doses (feuilles de traitement qui sont aussi archivées). « Il peut s'agir simplement de préconiser de sortir des lots qui s'échauffent ou s'avèrent trop sensibles à la chaleur, ou d'interdire le paillage sur des plantes sensibles au Phytophthora », illustre la jeune femme.

Après échange avec les fournisseurs et les utilisateurs, la responsable qualité établit chaque année une liste de produits phytosanitaires référencés par l'entreprise. Puis chaque site suit son stock. Elle gère les pôles phytosanitaires (mise aux normes, signalisations réglementaires, Osmofilm, gestion des EPI – équipements de protection individuelle –).

« Marie visitant régulièrement toutes les cultures, des pieds-mères jusqu'aux jeunes plants à expédier, je lui ai logiquement confié le “back office” du secteur multiplication, observe Thierry Browaeys. C'est-à-dire, concrètement, la saisie des boutures faites et plantées, les alertes sur des lignes manquantes, les alertes sur les pieds-mères, les modifications de consignes sur le programme de multiplication. Cela permet à la responsable du site de multiplication d'être concentrée sur sa mission en étant le plus possible présente sur le terrain (le bureau de Marie est situé sur ce site). Il en découle la liste des pieds-mères à planter en hiver et l'arrachage des pieds-mères trop vieux ou douteux, le contrôle de l'authenticité des étiquettes et l'observation de nouvelles variétés. »

Une compétence scientifique et environnementale

Marie Leven définit, avec les responsables de sites, un programme d'essais annuel : nouveau paillage, nouveaux auxiliaires, alternatives phytosanitaires, fertilisation...

L'ingénieur a porté le dossier « Plante Bleue » qui a conduit à une certification en juillet 2013. Le dossier a été l'occasion pour l'entreprise dans sa globalité de réformer ses pratiques : formations, tri des déchets, recyclage de l'eau, mise aux normes des ateliers phytosanitaires, diminution des traitements, gestion des effluents (Osmofilm), suppression des désherbants sur les cultures et recours aux paillages, développement de la PBI (protection biologique intégrée) et des SDN (stimulateurs de défense naturelle). « Au sein des cultures très sensibles au puceron comme le Photinia ou le Viburnum tinus, nous avons par exemple placé des potentilles dans de grosses jardinières pour attirer les auxiliaires, explique Marie Leven. Les haies monospécifiques (thuya, Prunus) ont été arrachées et remplacées par des sureaux, charmes et noisetiers. Ce “trio magique” attire des pucerons spécifiques qui, à leur tour, font venir les auxiliaires. Côté enherbement, la végétation maintenue entre les tunnels (tonte) et entre les rangs des pieds-mères sert de site d'hivernation aux auxiliaires. Ces aménagements permettent de limiter les lâchers. »

Valérie Vidril

(*) Voir le Lien horticole n° 885, pages 8 et 9, « Offrir une profondeur de gamme avec le jeune plant XXL ».

Les potentilles placées dans les cultures de Photinia attirent les auxiliaires.

PHOTO : LA FORÊT JEUNES PLANTS

Le procédé Osmofilm permet de traiter les effluents.

PHOTO : LA FORÊT JEUNES PLANTS

L'eau issue du rinçage des équipements et des pulvérisateurs est récupérée puis traitée par procédé Osmofilm. Elle est signalée par un affichage mentionnant « Eau souillée avec produits ».

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

La gestion et le référencement des produits phytosanitaires et des engrais utilisés sur les différents sites de production de l'entreprise, ainsi que la sécurité des applicateurs figurent parmi les missions de la jeune responsable.

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement